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Apprivoiser nos émotions : plus de bien-être et de performance dans les organisations ?

Combien de fois entendons-nous lors des coachings individuels ou collectifs que nous menons, les transformations que nous accompagnons : « les émotions n’ont pas leur place dans l’entreprise ! ».

Et même dans la vie personnelle, nous nous entendons aussi parfois dire à nos enfants : « il ne faut pas pleurer ! » ou encore « ne ris pas trop fort » … comme si ces émotions, pourtant inhérentes à l’être humain n’avaient pas leur place dans notre système.

La réalité c’est qu’elles sont là, elles font partie de notre être, quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense.

Le concept d’Intelligence Émotionnelle a été élaboré dans les années 90 par les psychologues Salovey et Mayer. Ils écrivent leur premier texte à ce sujet en 1987. Entre 1990 et 1995, ils continuent leurs recherches à l’université de Yale et définissent l’Intelligence Émotionnelle par « l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à les réguler chez soi et chez les autres » (Mayer & Salovey, 1997).

En 1995, c’est l’ouvrage de Daniel Goleman, Emotional Intelligence (1995), qui rendra ce concept populaire à travers le monde !

En fait, si la mesure de l’intelligence (le fameux QI), est souvent associée à l’habilité mentale à mener un raisonnement abstrait, Mayer et Salovey situent l’Intelligence émotionnelle à l’intersection des cognitions et des émotions : ils soutiennent que les êtres varient dans leur capacité à traiter l’information d’une nature émotionnelle et leur capacité à établir un lien entre ce traitement émotionnel et la cognition générale.

Depuis plus de 30 ans, des chercheurs continuent de travailler à travers le monde sur l’Intelligence émotionnelle et quelles que soient leurs divergences, tous s’accordent à dire que les personnes dotées d’une grande intelligence émotionnelle peuvent se montrer plus efficaces et sereins. Plus largement, il a été montré que l’IE aurait un impact positif sur la performance au travail, la santé, l’épanouissement des individus.

Ainsi, dans l’entreprise, en tant que manager nous avons tout intérêt à être capable de déterminer notre propre état émotionnel ainsi que celui de nos collaborateurs, pairs, de notre hiérarchie afin de mettre en place les réponses émotionnelles adaptées pour favoriser la performance ET le bien-être individuel et collectif.

C’est ainsi que les émotions, présentes inéluctablement chez l’être humain peuvent retrouver leurs lettres de noblesses dans la société et les organisations.

Dès lors, comment pouvons-nous apprivoiser nos émotions, celles des autres et agir de façon adaptée ?

Je vous propose d’abord de regarder le spectre des émotions existants chez l’être humain puis de voir comment nous pouvons développer notre Intelligence Émotionnelle.

6 émotions de basePaul Ekman, psychologue américain, a déterminé en 1972 6 émotions de base qui se répètent pour les êtres humains dans tous les pays du monde. Il a aussi associé ces émotions à des expressions faciales qui seraient soient biologiques, soit universelles.

  • La colère
  • La surprise
  • Le dégoût (mépris)
  • La peur
  • La joie
  • La tristesse

 

Robert Plutchik considérait lui qu’il y avait 8 émotions de base : la joie, la peur, le dégoût, la colère, la surprise, la confiance et l’anticipation. Élément intéressant, il a défendu que chacune d’elles déclenchait un comportement pour « survivre » ; par exemple, la peur permettait la réaction de fuite ou de combat face à un stimulus extérieur vu comme un danger, la colère incitait à la défense de ses acquis, de ses valeurs , la tristesse impliquait le repos pour préserver l’organisme, et la joie induisait la recherche de ressources. Parfois désagréables, inconfortables, les émotions vécues comme « négatives » sont en fait très utiles.

La Roue des Émotions

En 1980, Robert Plutchik a créé la Roue des Émotions en les organisant en paires d’opposés : la joie et la tristesse, la peur et la colère, le dégoût et la confiance, la surprise et l’anticipation. Il faut bien garder à l’esprit que chacune de ces émotions peut varier en intensité, ce qui génère un grand nombre de mots pour les décrire. En voici l’illustration :

roue des émotions

A partir de là nous pouvons activer 4 leviers pour cultiver notre intelligence émotionnelle :

Reconnaître les émotions :

Percevoir les émotions chez nous, chez les autres ; les exprimer correctement.

Un exercice pratique : 3 fois par jour, aidée de la Roue des Emotions, repérer comment vous vous sentez et écrivez le nom de l’émotion de la manière la plus précise possible. Cet exercice peut-être aussi mené en observant l’état émotionnel d’un de vos collaborateurs afin de mieux l’appréhender.

Comprendre les émotions :

Analyser ce qu’il se passe ; comprendre comment les émotions se combinent et évoluent dans les relations et leur donner du sens.

Un exercice pratique : quand vous ressentez une émotion, identifier là et demandez-vous quel peut-être le déclencheur. S’il s’agit d’une émotion négative, regardez par exemple quelle est la valeur mise en péril, le besoin non respecté, le manque d’informations pour tel ou tel projet. Cela peut-être aussi envisagé dans une relation à l’autre pour mieux comprendre l’émotion qui l’anime et cela en l‘interrogeant sur les mêmes items.

Utiliser les émotions :

Ressentir et générer les émotions nécessaires pour agir (faciliter la pensée, envisager d’autres perspectives et résoudre les problèmes). De la racine latine Emovere « mettre en mouvement », les émotions sont donc en rapport étroit et permanent avec nos décisions et nos actions.

Un exercice pratique : l’émotion identifiée, ressentie et comprise, vous pouvez maintenant imaginer par quelle autre émotion vous souhaiteriez la remplacer et quel premier pas vous pouvez accomplir pour sortir de l’émotion.

Gérer les émotions :

Réguler les émotions ; choisir de rester engagé ou détaché de l’émotion à des moments appropriés.

Un exercice pratique : nous savons que la régulation des émotions une fois identifiées, passe par le fait de mettre en œuvre la bonne stratégie pour nous. Plusieurs possibilités : l’évacuer (activité physique, écriture…), la vivre intensément dans notre corps ou la regarder passer (méditation, centrage), nous distraire et focaliser notre attention sur quelque chose de plaisant pour nous, l’analyser pour comprendre et viser un autre état émotionnel.

En conclusion

Pour terminer notons qu’il existe aujourd’hui des possibilités pour mesurer l’Intelligence Émotionnelle. Le modèle fondateur et prometteur est le MSCEIT (Mayer – Salovey – Caruso Emotional Intelligence Test) : il vise à « évaluer l’intelligence émotionnelle, c’est-à-dire la capacité à résoudre des problèmes qui nécessitent le recours aux émotions pour être résolu ».

Alors, plus d’excuse pour enfouir nos émotions sous le tapis : ressentons-les, comprenons-les et mettons-nous en mouvement car elles sont définitivement nos alliées pour agir dans nos organisations et puis rappelons-nous qu’elles sont là quoi qu’on en dise comme nous le dit Swami Prajnanpad :

« Une fois que l’émotion surgit, elle est la vérité pour l’instant. Pourquoi ? Parce qu’elle est là. Aussi je ne peux pas la nier. »